Quelques monastères ont vite compris ce lien entre cithare et liturgie au moment de la réforme liturgique, dans les années 60, et c’est le Frère Patrice, moine d’En Calcat, qui invente les modulateurs (leviers permettant de passer de majeur en mineur) et transforme la cithare de folklore en un instrument liturgique. Il rajoute cinq accords et le psaltérion à douze accords est né et il se porte toujours très bien, merci ! Avec ces 24 accords classiques, il peut accompagner tous les tons de psaumes et d'antiennes.
En un sens, la cithare au service de la liturgie retrouve sa première raison d’être. Mais ne peut-on pas le dire de tout instrument de musique – et de tout ce qui touche à l’art et à la beauté ? Comme d’autres instruments, mais avec son charisme propre, la cithare nous dit quelque chose de Dieu et peut être le vecteur par lequel Dieu nous dit quelque chose et par lequel nous aussi nous adressons à lui, dans la joie ou dans les larmes. Pourquoi ?
Sully Prud’homme
le confessait
dans son poème « L’agonie
»
Vous qui m'aiderez dans mon agonie, Ne me dites rien ; Faites que j'entende un peu d'harmonie, Et je mourrai bien.
La musique apaise, enchante et délie Des choses d'en bas : Bercez ma douleur ; je vous en supplie, Ne lui parlez pas.
Je suis las des mots, je suis las d'entendre Ce qui peut mentir ; J'aime mieux les sons qu'au lieu de comprendre Je n'ai qu'à sentir ;
Une mélodie où l'âme se plonge Et qui, sans effort, Me fera passer du délire au songe, Du songe à la mort.
Vous qui m'aiderez dans mon agonie, Ne me dites rien. Pour allégement un peu d'harmonie Me fera grand bien.
Le mot est lâché :
harmonie.
Ce mot est tout à la fois un mot de la vie courante et un terme technique désignant ce qu’on appelle au sens restreint la « science des accords » et de façon plus large tout ce qui est arrangement d’un morceau musical.
Et il est bien vrai que lorsqu’on a trouvé les bons accords, et que l’instrument est bien accordé, ce que l’on jouenous met vraiment en harmonie intérieurement.
Ce n’est pas pour rien que le bulletin de l’association naissante des amis de la cithare sous l’impulsion de Maguy s’est appelé : «
Cithare et harmonie
».